Association de bien-faiseuses / bien-faiseurs.

Chères lectrices, Chers lecteurs,

Vous en avez l'habitude maintenant, j'aime bien enfoncer les portes, surtout quand elles sont ouvertes.

Porte ouverte du jour : même si la création artistique procède de la nécessité intime et impérieuse d'exposer ce qu'on garde dans nos tripes, une fois sortie de l'usine personnelle et interne, la création n'a qu'une envie : devenir chose publique, s'étaler, se donner à voir, se répandre. 

A ce stade de la lecture, vous vous dites, "merde, on va se faire chier aujourd’hui". Même si vous l'exprimez avec d'autres mots, mieux choisis, l'idée générale reste la même : vous craignez de frôler l'ennui en poursuivant la lecture de ce billet.

Vous avez tort. C'est présomptueux, mais j'assume.

Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire d'une épicerie de campagne pas comme les autres ; une épicerie dont le "pas-de-porte" sera à prétention unique : nourrir les émotions. Et pour que ce "pas-de-porte" ne reste pas porte close, j'ai besoin que des créatrices-teurs d'inutile me viennent en aide.

 

Pour correspondre à l'image d’Épinal, qui vaut aussi pour Porspoder, Campagnac, Saint-Quentin-la-Motte-Croix-au-Bailli et même Montcuq-en-Quercy-blanc, un village digne de ce nom se doit de réunir trois critères de base : une mairie, un clocher (même si, tout comme la République, je suis laïque) et une épicerie "d'alimentation générale".

Jumièges ne déroge pas à la règle. Si on cherche, on y trouve tout et plus : la mairie, le clocher, l'épicerie, évidemment, et aussi  le patrimoine, le culinaire, le bucolique, le sportif et bien entendu, le plein air. Pourtant, j'ai toujours pensé qu'il lui manquait un "truc", pas nécessairement utile, mais un truc vital à sa re-vie-talisation : une porte ouverte sur les différences artistiques et culturelles qui coexistent "hors-la-Boucle". 

Vu de ma fenêtre, la création artistique  est rigoureusement inutile mais absolument indispensable. On a tous dans le cœur  (une petite fille oubliée, une jupe plissée, queue de cheval à la sortie du lycée) un créateur, une faiseuse d’inutile qui nous est indispensable parce qu'elle éveille en nous l'inestimable : l'émotion. Or, pour qu'émotion il y ait, il faut qu'il y ait rencontre, du moins, contact, entre le créateur et l'ému-e. Et c'est là que ça devient plus compliqué parce que ces rencontres tournent souvent aux rendez-vous manqués. Faut dire aussi que les lieux de rencontre artistique ne sont pas légion, surtout quand avez fait le choix de créer en dehors des sentiers urbains battus.

Or, la "campagne" distend les liens entre les différences qui patchworkent les habitants. Elle invite au repli.

 

"- C'est facile de donner des leçons ! Mais t'as quoi comme solution ?

- Et, oh, J'suis pas la mairie, moi, j'suis qu'une artiste en devenir". C'est pas moi qui le dis, c'est Diam's (on a les références qu'on mérite ...). Si c'est discutable sur le plan morphosyntaxique, elle était dans le vrai, Mélanie, quand elle se couvrait de Diam's pour monter sur scène. Moi aussi j'suis qu'une artiste en devenir, mais comme tous les artistes, je veux partager les fruits de ma création.

Et coup de bol ! je fais une paire formidable avec son Maire. Lui aussi aime bien ouvrir des portes, ouvertes, entre-ouvertes, peu lui importe. Ce qui compte pour lui, c'est que le portier apporte sa pierre à l'édifice communal.

Bientôt, derrière la porte, au cœur du village, on trouvera une "épicerie artistique" ! 

"- Une quoi ?

- Une épicerie artistique.

- C'est à dire ?

- Imagine une échoppe chaleureuse, un peu fouillis, où  les vieux bouquins  s'entremêleraient aux œuvres contemporaines, un endroit ouvert l'après-midi et les week-ends où les enfants pourraient gribouiller, les parents papoter, les artistes exposer. Et un vendredi par mois, à 18h, on y ferait un apéro-truc, apéro-concert, apéro-conte, apéro-apéro, avec les créateurs culinaires du coin. C'est bien le vendredi à 18h parce que les enfants peuvent venir, c'est pas tout à fait le week-end, c'est un moment propice à l'ouverture. Tu vois ?

- Oui, je vois. Mais tu vas pas faire ça toute seule ?

- Non. Pas question. J'suis pas en état. Pis les affaires personnelles, ça tournent toujours en eau de boudin. Pour que ça marche, il faut que l’épicerie soit une association de bien-faiseuses/bien-faiseurs, comme une coopérative, mais artistiques. Et que du bio ! du local, pour favoriser les circuits-courts, et créer de la proximité. Des producteurs d’inutile-rigoureusement indispensable en tous genres qui s'entraident et qui contribuent à entrouvrir des portes dans la tête de nos enfants.

- C'est pas un peu utopique ton épicerie artistique ?

- Oui. Et alors ? 

- Et il te manque quoi pour que l'utopie devienne réalité ?

- Pas grand chose. J'ai l'idée, le lieu, le soutien du Maire, j'ai même une trésorière hors pair, il me manque juste des artistes .

- Alors t'es sérieuse ? Tu crois vraiment  que c'est possible, que tu vas trouver des artistes qui seront partants pour ouvrir une épicerie artistique ?

- Oui, je suis très sérieuse. On ne déconne pas avec l'Art ! Mais j'ai pas beaucoup de temps : il faut que je dessine les contours de la porte pour le 11 mars 2016 !  Heureusement, y'a FB pour retendre virtuellement les liens sociaux".

 

A jeudi prochain pour la lecture. Et à tout de suite si vous pensez avoir l'âme d'un-e artiste épicier-ère.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Stéphanie (vendredi, 19 février 2016 11:08)

    Une jolie Idée, un lieu qui me fait rêver..... je n'ai pas de talent artistique ou en devenir peut être ;)) mais si tu as besoin de mon temps ou de mes talents culinaire je suis partante à 200%....