En être ou ne pas en être ?

Cher-es Vous,

Je ne Vous écrirai plus.

Pas par manque d'inspiration (je croise les doigts, et ça n'est pas aisé d'écrire en le faisant).

Pas non plus par manque d'envie. Bien au contraire.

 

Je ne vous écrirai plus, du moins, jusqu'à la première semaine du mois de mai, car, comme le susurrait Audrey Tautou dans le Fabuleux destin ... "j'ai du travail". Je dois écrire, justement. J'ai une expo sur le feu ! Ma première...

Heureusement, je n'y vais pas toute seule, mais elle a été labellisée Normandie Impressionniste (je peux craner cinq minutes !). alors, je vais devoir m’appliquer ; je ne vais avoir droit ni aux ratures, ni aux fautes d'orthographes, encore moins aux glissements morphosyntaxiques.

 

Quelle idée que celle de vouloir exposer ce que l'on cultive à l'intérieur de soi ! Décrit comme ça, cela sonne comme une gastroscopie, ou une coproculture. Mais c'est pourtant ce qui va se passer, comme pour chaque artiste qui (s')expose. 

 

Qui expose quoi ? des "œuvres" ? J'ai toujours trouvé le terme trop pompeux ; son "travail" ?  le terme, là encore me semble inapproprié, je ne travaille pas puisque c'est grâce à ce que je vais exposer que j'oublie que je ne travaille plus ; alors, que vais-je exposer sinon les fruits de ma culture intérieure ?

Quand les métaphores digestives sont convoquées au tableau numérique, c'est que la trouille n'est pas loin. Elle en deviendrait presque viscérale (j'arrête).

 

Pourtant, ça avait l'air très simple quand l'idée à fuser au cours d'un dîner entre amis : "Tu dessines à partir de photos d'humains ! Et moi, je fais des photos d'ombres et de reflets d'humains ! On n'a qu'à candidater à Normandie Impressionniste 2016 puisque le thème sera le portrait. Nous, nous allons au-delà du portrait, nous le dépouillons, le déshabillons pour n'en conserver que la trace, l'empreinte".

Ce soir-là, Nous voulions décrocher la labellisation, intégrer ainsi la programmation de ce festival qui relie les artistes de la fin du XIXème siècles à celles et ceux du début du XIIème (siècle, pas arrondissement, nous allons exposer à Fécamp, pas à Deauville). Après en avoir ri, après avoir poussé l'idée artistique jusqu'à l'extrême, l'absurde, l'avoir intellectualisée jusqu'à sa dernière molécule, nous l'avons fait, et nous l'avons eue ! Labellisés et subventionnés ! Cerise sur le clafouti !

 

J'ouvre un grand crochet sur le "Nous" dont il est question aujourd'hui. Ce "Nous" n'est pas un "nous" du quotidien, pas celui du "pour la vie", comme dans les serments d'enfants, ça n'est pas un "nous" amoureux. C'est un "nous" de parrainage.

 

"Nous" est né d'une drôle d'expérience professionnelle, éprouvante expérience professionnelle, épuisante expérience professionnelles, étourdissante expérience ... vous avez compris.  De ces expériences professionnelles où vous vous sentez aquaphobe, embarquée d'une transat très solitaire dans un océan d'individualités-ismes. L'image est facile, éculée, usée jusqu'à la corde (et ça porte malheur de prononcer le mot corde sur un bateau !) mais tellement vraie. Ce fut la traversée professionnelle la plus courte mais aussi la plus vive de ma carrière de scribouillard territorial. Mais c'est là que tout a germé.

Car pour survivre aux creux de quinze mètres, aux bourrasques, aux trombes d'eau, j'ai construit un radeau de second degré de survie,  second voire plus si affinités.

J'y ai embarqué les cinq Naufragés que j'ai trouvés sur place.  Bien amochés professionnellement, les Naufragés, "tout juste vivants", comme Steeve Austin dans l'homme qui valait ... tout justes vivants, professionnellement. (J'ai déjà précisé que cette histoire n'était sexuelle. No zob in job, comme on dit en cauchois. Et en plus, je n'en étais pas,  - celle-là, est pour eux).

 

Le Il du Nous du jour en était. Il n'était pas du livre, ni même de la jaquette, mais des Naufragés. Le club des Cinq ! Monseigneur, V-V,  Sam, Monsieur R. & Génial, tous pratiquants, à des degrés différents, de l'auto-critiquo-dérision, une méthode de navigation en eaux troubles. Avec eux la transat en solitaire a pris des airs de Tour du Monde Dérisoire par équipe. Tout était, tout devait être tourné en dérision pour sortir debout de cette "éprouvante expérience" professionnelle.

 

A ce stade, vous vous demandez peut-être à quoi pouvait ressembler notre quotidien de Naufragés professionnels entre vents et marées. Allez jeter un œil sur les vidéos du Contremaître et Sa Contremaîtresse et vous comprendrez. Enfin, je crois. Peut-être, ou pas. Mais si vous vous y rendez, munissez-vous de votre passeport de second degré (les frontières sont de plus en plus infranchissables). 

 

Trois d'entre nous ont quitté le navire avant la fin de l'épreuve.

 

Je n'ai jamais rien compris aux nœuds marin, ni à la navigation, ni au plaisir que l'on pouvait en tirer (celle-ci est plus tordue, mais ça marche quand même). Sans doute parce que je fais partie de celles et ceux qui ne perçoivent pas du tout en quoi se retrouver seul-e sur un bateau au milieu de l'océan pourrait représenter la quintessence de la liberté !

Impossibilité totale de prendre la fuite, pas un arbre, ni même un brin d'herbe à l'horizon, un "sol" plus qu'instable et souvent caractériel voire bipolaire (tout le monde l'est maintenant ; ça, c'est un autre clin d’œil, mais pas pour Eux)... Je trouve déjà que la terre ferme est assez instable, pas besoin de déséquilibrer encore un peu plus l'Ensemble.

 

Je ne comprends rien aux nœuds marins, mais de cette épreuve là j'ai conservé des liens tout aussi solides que les nœuds des marins (encore une, plus ou moins subtile, selon le degré de hauteur de vue), dont ceux avec le Il du Nous du jour. 

 

Lui n'en est déjà plus à son baptême artistique. Il a reçu la communion et bientôt sa confirmation.

C'est au cours de nos échanges ... burlesques, (le terme est tout à fait approprié), que j'ai changé de cap : puisque je ne pouvais plus écrire pour les autres, j'allais le faire pour moi. Et tant qu'à faire, j'allais ajouter les photos, de celles qui sont à la frontière entre la photographie et le dessin.

Et comme c'est uniquement pour moi, pour me faire plaisir, j'allais les montrer ! CQFD, ou presque.

Et pour exposer, il faut bien que j'ai quelque chose à montrer. Là c'est plus CQFD que précédemment.

 

Je ne vous écrirai donc plus, jusqu'au vernissage (le mercredi 4 mai à 18h00, au 1er étage du Monoprix de Fécamp - oui, je sais, galerie de Monoprix ça ne fait pas vraiment "the place to be", mais quand vous l'aurez vue, vous comprendrez). 

Puisque vous m'êtes sympathiques, je ne vous écriai plus jusqu'au 4 mai, mais vous aurez quand même une série-photo chaque jeudi, pour ne pas rompre le contact.

A jeudi prochain !

 

 

Pour aller voir l'exposition [POR]TRAITS PÉRIPHÉRIQUES, qui aura lieu à Fécamp du 2 mai au 15 juin, tous les renseignements pratiques, sont  ou ; il vous suffit de cliquer.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Cheryl Hatchell (mercredi, 01 février 2017 16:31)


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