Vu de ma ... caravane

Puisque l'une des séries de photos mises en ligne aujourd'hui s'appelle "Lire à la plage", je me suis dit que c'était le moment de parler du Camping, avec un grand C ; pas tant de la localisation géographique en elle-même, mais plutôt de l'acte : faire du camping (que je préfère au verbe "camper", sans doute pour sa proximité avec "décamper").

Quand on parle camping, plusieurs écoles cohabitent voire s’affrontent. Pendant que ceux que j'appellerai les Snobs posent sur les campeurs un regard combinant dégoût et pitié, parce que "quand même, les sanitaires partagés, les tarladidadada, les soirées sangria, c'est pas pour moi. J'aime bien mon confort",  les Habitués  version Camping  de Fabien Onteniente sirotent leur rosé bien frais avec leurs 76, 80 ou 59 de voisins, au même emplacement, dans le même camping, avec la même caravane et toujours aux mêmes dates. Souvent dans ce camping-là, version plein d'*, il y a tout et plus. On y trouve surtout des parents, pas vraiment emballés par l’endroit, mais tellement ravis de voir leurs enfants vivre leur vie de gosses dans de grosses piscines, situées à moins de 500 mètres de la plage.  Alors tant pis si le prix à payer c’est de supporter la voix criarde de la prof d’aquagym dès 9h00 du matin, les soirées « Bienvenue » et les concours de Miss camping, pendant que les mômes s'amusent, les parents savourent un bon livre, un apéro entre potes ou simplement le calme relatif d'un mobile-home situé, lui, à moins de 5 mètres des voisins. 

Je pourrais aussi parler des Camping-caristes, mais vivant dans une commune touristique, j'ai encore du mal à comprendre comment on peut supporter d'être parqué sur un parking poids-lourds où la commune a installé les conteneurs de recyclage de verre (ambiance sonore garantie !). Spondylarthrite ankylosante (SPA pour les intimes) oblige, je me suis désintéressée des Purs&durs, sac au dos incluant une tente minimaliste et une gamelle en alu, installés dans des lieux quasi-inaccessibles mais "tellement dépaysants, reposants, méditatifs".

Je suis fille "d'habitués". En 2014, après une longue période "snob", chambres d'hôtes et petits-déjeuners typiques inclus (12 étés passés au Camping Idéal n°1 de Saint-Georges-de-Didonne, ça laisse des traces),  je me suis convertie à la catégorie des campeurs Sans Étoiles (avec un "s" comme un ciel nocturne dont on ne voit pas les étoiles, mais dont on sait qu'elles existent). Comme tous les nouveaux convertis à quelque religion que ce soit, je suis une pratiquante assidue. Mais je ne ferai pas de prosélytisme, trop attachée que je suis à pouvoir donner mon avis sur tout et quasiment tout le temps.

Mais c'est quoi le camping "sans étoiles" me demanderez-vous, même si l'appellation vous a mis la puce à l'oreille ?

Le "sans étoiles", c'est la campagne près de la mer parce que le campement est installé sur un pré fauché deux fois par an. C'est, au mieux, des sanitaires approximatifs à l'hygiène tout aussi approximative ; au pire, des toilettes sèches avec la sciure et la poignée en ficelle intégrées. C'est faire la vaisselle dans un espace ouvert à tout vent, et surtout à la pluie dans un bac "solidement" suspendu à un arbre. 

Mais pratiquer le camping sans étoiles c'est aussi partir avec la Roulotte, toute petite puisque conçue pour trois, mais dont le confort est à l'image des propriétaires : généreux, jouisseurs et jouissifs. Le "sans étoiles" c'est aussi T. & O. au bout de l'allée principale que les Snobs décriraient comme un chemin caillouteux, mais qui pour les Toons est l'Allée qui mène à la prairie, qui elle-même mène à la maison de H&C, qui mène à la plage. C'est la bande de la Véloto, les apéros, l'amitié infaillible. C'est aussi les nuits tout contre le copropriétaire de la Roulotte, sur un vrai matelas, sous une vraie couette ("pour pas qu't'aies mal, Mon Cœur"), avec Bob Marley qui appelle à  la Redemption  nous assurant que Sun is shining.

Ce matin-là, tout était redevenu calme dans le camping, le fameux "calme après la tempête". Pourtant, la nuit avait été capricieuse : un orage qui trouvait que le coin était tellement sympa qu'il était resté 5h00 avec nous ; une allée transformée en torrent ; des "sans étoiles" devenus "sans abris" ; une trouille bleue, pendant ; une colère noire, après, quand on s'est aperçu qu'on n'avait pas fermé le hublot et que j'ai pris une douche au réveil en ouvrant le store occultant. Pour me calmer, je me suis administrée mon anxiolytique personnel et naturel : une grosse dose de Bruce Sprinsteen dans les oreilles ("My Father's House" du sublime album Nebraska, mais je ne suis pas objective) et un bon Lumix en main. A l'abri de la Roulotte, j'ai saisi le camping sans étoiles, mais toujours Vu de ma Fenêtre ! Bien entendu.

A la semaine prochaine.

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    John (jeudi, 10 décembre 2015 18:22)

    Une fine plume vole au secours du temps qui passe, parsemant de belles images les souvenirs d'enfants...

    Elle campe ces rêves d'évasion en brisant le cadre des habitudes qui rendent le quotidien si gris

    Cette folie-là sent le vécu ; celui que l’on raconte aux amis d’un élan généreux, celui qui nous rend forts par devant eux, celui que l’on clame haut, de peur d’en oublier le sens.

    Plus qu’une fenêtre sur du trop court, ça ressemble déjà à une ouverture sur le monde, préférant la route soulignée d’épices, à une autre semée d’embûches.

    Photographe sortie du cadre avec un recul objectif, avouez que c’est peu banal…

    Mon vieux sac est ressorti, l’antique Minolta XG1 oublié sous tant d’années de poussière regarde déjà dehors : on est prêts.

    Prêts à te suivre (enfin on va essayer, parce que bon, hein…), prêts pour l’aventure ; celle vue de cette fenêtre et qui semble la dessiner si belle...

    Allez hop ! au boulot !
    @micalement,
    John